Discussion avec la metteure en scène Claire Latarget à la sortie d’Entrelacs. Présenté dans le cadre du Festival mondial des théâtres de marionnettes à Charleville-Mézières, ce spectacle (dès 18 mois) comporte peu de paroles. Il y a des gestes, des objets, de la matière.
Nous nous découvrons une fréquentation commune du Vélo Théâtre à Apt. Une résidence artistique pour elle, un travail de mémoire de fin d’études pour moi. Elle dit avoir travaillé avec eux la question suivante: comment instaurer des conventions pour le public (écouter, suivre tel mouvement, s’assoir à tel endroit) sans les expliciter verbalement? Un enjeu de taille – notamment pour un spectacle à destination des petit·e·s.
Interrogations
Après s’être déchaussé, le public est invité à suivre un fil rouge (au sens propre) qui l’emmènera des vestiaires à la salle. Franchir un seuil. Des coussins blancs et quelques gestes de l’actrice Virginie Gaillard signifient aux spectateur·trice·s de tout âge qu’ils·elles sont les bienvenu·e·s sur le plateau. Une scène que l’on partagera donc avec la comédienne. À nouveau, franchir un seuil. Cette proximité avec l’actrice génère quelques interactions: un enfant qui se roule sur le sol moelleux est rappelé à l’ordre par ses parents. Les « Chuuut! » des adultes font écho aux « C’est quoi? » des petit·e·s.
Comment construire un langage commun? Et quelle place pour les transgressions? La comédienne fait avec ces débordements – comme lorsqu’elle confie un objet à un jeune garçon… qui le passe en douce à son voisin!
Sortie de la salle. Des formes de couleur bleue sont déposées sur le sol et indiquent au public le chemin à tracer. Quand on rejoint les vestiaires, l’actrice a disparu. Il y a un oiseau de papier qui a fait son nid sur chaque paire de chaussures.
Et les applaudissements? Pas pour cette fois. Les codes sont un peu chamboulés. On s’en remettra.