Je le sais, l’endroit d’où je vous écris est un peu particulier. Enseignant de théâtre, ce n’est ni tout à fait artiste, ni tout à fait enseignant. Depuis ces limbes qui me comblent, je vous chatouille parfois. Ou je vous questionne. Mais sans vous, sans vos acrobaties et vos mots médicaments, sachez que le brouillard serait bien plus épais. Aujourd’hui, j’ai le privilège – comme beaucoup – de continuer à exercer mon «art» alors que vous êtes réduit·es au silence.
D’ordinaire déjà, j’entends vos espoirs douchés parfois froidement au sortir des écoles. L’usure d’enchainer les projets (de plus en plus courts) et les périodes de «chômage» – puisque c’est dans cette case qu’on vous range. J’entends les dossiers à écrire. La concurrence malgré la solidarité de façade. J’ai vent de l’injonction à toujours créer. À toujours créer. J’assiste impuissant aux reconversions professionnelles quand la trentaine frappe à la porte. Je ne veux pas noircir le tableau mais dire la persévérance qu’il faut pour continuer l’activité qui est la vôtre. Cette persévérance force sinon l’admiration, au moins le respect.
Et aujourd’hui…
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