Toute cette attention focalisée sur une seule personne: la première expérience de la scène peut brûler. On a vu des gens pétrifiés par les regards du public.
La technique du théâtre-image permet d’entrer en douceur dans le monde des arts de la scène. Comme on entrerait petit à petit dans l’eau du lac encore froide, au printemps. Qu’est-ce que c’est ? Il s’agit de créer un tableau humain figé d’une situation. Une photographie sans l’appareil.
Le metteur en scène argentin Augusto Boal l’utilisait beaucoup dans son Théâtre de l’opprimé qu’il pratiquait avec des villageois dans l’objectif de « transformer le peuple ». Ce n’est peut-être pas pour rien. Le théâtre-image est une forme idéale pour commencer à faire du théâtre. Pour franchir la ligne qui sépare les spectateur·trice·s des acteur·trice·s.
Deux atouts
Bernard Grosjean, théoricien de l’animation théâtrale, résume à merveille la force de cette pratique: « Le théâtre-image a cette particularité d’être très aisément maniable par tout le monde et d’être immédiatement spectaculaire. Grâce à la tension immobile qu’il provoque, il nous plonge instantanément dans une intensité théâtrale maximale.«
Le théâtre-image possède donc deux grands avantages. D’abord, il permet aux personnes qui craignent de s’exposer de ne pas avoir à parler et à effectuer des gestes continus. Il « suffit » de tenir une position quelques secondes. Dans un second temps, on peut demander aux comédien·ne˙s d’ajouter à leur image un titre, voire une réplique par personnage.
Le second avantage : une image permet de révéler les enjeux de telle ou telle situation. Demandez à un groupe de créer une image d’un meurtre, d’un mariage, d’une trahison, etc. Les rôles seront souvent très clairs.
Minimaliste, simple et efficace.
Tout le monde sur scène! 
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