Assister à un spectacle, c’est tenter de déchiffrer ce qui nous est donné à voir et à entendre. On est plongé dans le noir. On se tait. Mais cette passivité n’est qu’apparente. Car en silence on interprète. L’air de rien.
Aller au théâtre, c’est apprendre à lire. Une lecture telle que la conçoit le poète Christian Bobin: « Ce qui manque, me semble-t-il, pour que la hache de la vie fende notre cœur, et pour qu’en sortent les larmes, mais aussi la joie qu’il contient, qui y sont captifs, c’est d’apprendre à lire ce qui nous est présenté chaque jour. Non seulement bien sûr des livres, des journaux ou des lettres. Mais les visages, les gestes, la lumière qui traverse la vitre sans la briser. » Une lecture large donc, faite de mots, de corps, de sons.
Lire le théâtre
Sur scène tout n’est pas immédiatement compréhensible. Dans les livres non plus. L’important est de se dire: ça nous regarde. Et d’essayer de décoder. Dans la vie, comme sur scène ou dans les livres, tout n’est pas clair. Mais ce que je regarde me regarde souvent.
Quand elle quitte son siège, chaque personne emporte avec elle un diamant. Comme on emporte un coquillage tendu par des vagues complices après une tempête. Ce trésor? Son interprétation – en partie unique – du spectacle. Une interprétation tissée de compréhensions et d’incompréhensions. Nourrie aussi de ses rêves et de son vécu.
La vie interprétée
Quand il referme le livre de la vie, chaque individu emporte également avec lui un joyau: l’interprétation de son existence. Poser la question « Qu’est-ce que ce spectacle me dit? », c’est poser en même temps la question « Qu’est-ce que cette vie me dit? ».
Ainsi la frontière s’estompe. L’écrivain Robert Walser le soulignait: « nombreux sont les lecteurs qui trouvent un réconfort naturel dans les livres, lesquels, comme tout art, et à l’instar de la vie elle-même, peuvent être vécus. » Vivre. Lire. Quelle différence?
Tout le monde sur scène! 
Un commentaire sur “Monde du spectacle et spectacle du monde”