JAMES. Crème, sucre?
VICTOR. Il paraît que vous avez réponse à tout.
JAMES. C’est ce qu’on dit.
VICTOR. Je suis venu vous voir parce que… C’est un peu embarrassant.
JAMES. Vous pouvez vous confier, Victor.
VICTOR. Voilà. On raconte qu’une école exigeante a pour habitude d’être assez généreuse en mauvaises notes.
JAMES. C’est la vérité.
VICTOR. Seulement, je ne suis pas sûr de comprendre. L’évaluation est censée mesurer les apprentissages, non?
JAMES. Oui mais…
VICTOR. Par conséquent, si un apprentissage est effectué, la note sera bonne. À l’inverse, si un apprentissage n’est pas effectué, la note sera…
JAMES. Mauvaise, en théorie, oui.
VICTOR. Et vous conviendrez, James, qu’il est plus difficile de susciter des apprentissages que de ne rien apprendre aux élèves.
JAMES. C’est que…
VICTOR. Par conséquent, une multitude de bonnes notes est plutôt le signe d’un système éducatif qui fonctionne. Et d’une exigence pédagogique certaine. Pas vrai?
JAMES. Taisez-vous ! (Silence.) Vous ne prenez pas en compte un paramètre important.
VICTOR. James, vous voulez parler de la fameuse motivation des élèves ?
JAMES. La motivation. Oui, Victor. C’est une invention conceptuelle dont la prolifération a dépassé nos espérances les plus folles. Vous connaissez ma fonction au sein de l’Entreprise. Je ne peux me risquer à en dire plus aujourd’hui.
VICTOR. Mais pensez-vous que le désir commun d’apprendre a encore de l’avenir?
JAMES. Je crains que nous ne devions abréger cet entretien. Tâchez de dormir un peu, Victor.