Célestin Freinet ou l’adieu à l’estrade

Le coup de feu résonne en 1917. En plein conflit Célestin Freinet reçoit une balle en plein poumon. Le jeune instituteur déraciné de son activité éducative par la guerre mondiale portera toute sa vie les séquelles de cette blessure. Il faut imaginer un acteur mutilé qui peine à respirer.

Alors, de retour en classe, comment parler le souffle coupé? De ces blessures physiques et philosophiques jailliront des pratiques nouvelles conçues avec sa compagne Élise. Détruire l’estrade, c’est dire adieu à la scène de l’instituteur. Adieu aux élèves qu’on fantasme en public muet. Adieu à l’enseignement magistral. La boite de Pandore s’ouvre: classe promenade, imprimerie, correspondance, enquêtes, expression libre.

Pour Célestin Freinet, la supériorité nuit gravement à l’élévation. « Il nous faut redonner au mot éducation le beau sens qu’il n’aurait pas dû quitter », écrivait-il (Le maitre insurgé). « L’éducation n’est ni gavage, ni dressage; elle est élévation maximum de l’individu ».

Être vivant·e, c’est jouer avec la balle logée dans notre poumon.

Une belle bande dessinée retraçant le parcours du couple Freinet est parue en 2022 aux éditions Delcourt: Élise et Célestin Freinet: l’éducation en liberté de Sophie Tardy-Joubert et Aleksi Cavaillez.

Images: Tardy-Joubert & Cavaillez


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