Ce week-end, je devais suivre une formation au « bord de scène ».
Le « bord de scène » est une pratique qui consiste, après un spectacle, à organiser une discussion entre l’équipe artistique et le public.
Et je déteste les bords de scène.
Évidemment, il est tentant pour un·e programmateur·trice d’en organiser un. Ça ne coûte pas grand-chose. On demande aux spectateur·trice·s et aux artistes de rester 20-30 minutes de plus.
Mais c’est pénible. Pénible pour les membres du public qui, après avoir assisté à 90 minutes de spectacle, se le font encore expliquer en long, en large et en travers par les artistes. Comment est-ce que vous réagiriez si un·e DJ, après un set endiablé, prenait le micro et se mettait à lister d’une voix monotone les caractéristiques techniques de ses consoles? Et pénible pour les comédien·ne·s qui, après avoir tout donné et sué pendant une heure et demi, sont privé·e·s de leur verre de blanc ou de leur duvet. Et qui doivent toujours répondre à l’éternelle question: « comment se sont passées les répétitions? »
Je rêve d’une médiation théâtrale qui n’écrase pas le public. Alors dans des moments d’égarement, j’hésite même à lancer une initiative populaire pour abolir cette pratique sanglante.
Ce week-end, je devais suivre une formation au « bord de scène ». Et je pensais sincèrement que ce moment allait me réconcilier avec cette forme de médiation du théâtre. L’approche avait l’air prometteuse. La démarche intelligente. Mais l’événement a été annulé à cause d’un sale virus qui traine.
La réconciliation attendra.